
Trouble du spectre de l'autisme : décrypter, comprendre, soutenir
Saviez-vous que près de 700 000 personnes en France sont concernées par le trouble du spectre de l’autisme ? Pourtant, cette condition reste souvent mal comprise. Comment se manifeste-t-elle ? Quelles sont ses causes ? Comment mieux accompagner les personnes autistes au quotidien ? Explications !
Qu’est-ce que le trouble du spectre de l’autisme ?
Le trouble du spectre de l’autisme (TSA) est une condition neurodéveloppementale qui touche le fonctionnement du cerveau et influence la manière dont une personne perçoit le monde et interagit avec son environnement. Il impacte principalement la communication, les interactions sociales et les comportements.
Ce trouble recouvre une grande diversité de profils, avec des variations cognitives, sensorielles et comportementales, sans cause unique identifiée. On parle de spectre car ses manifestations diffèrent d’une personne à l’autre, nécessitant des niveaux de soutien variés.
Les personnes concernées paraissent souvent plongées dans leur propre univers et présentent des sensibilités sensorielles particulières (auditives, visuelles, tactiles, etc.).
Comment savoir si mon enfant est autiste ?
Les signes d’alerte du trouble du spectre de l’autisme apparaissent souvent dès la petite enfance, avant l’âge de 3 ans puis persistent toute la vie. Voici quelques indicateurs qui peuvent amener à consulter un professionnel :
Signes liés à la communication et aux interactions sociales
- Absence ou retard dans l’acquisition du langage verbal et non verbal.
- Difficulté à établir un contact visuel soutenu.
- Absence ou faible réponse aux appels par le prénom.
- Peu ou pas d’initiation aux interactions sociales (jeux, échanges avec d’autres enfants).
- Difficulté à comprendre les expressions faciales, les émotions ou les conventions sociales.
- Tendance à préférer la solitude plutôt que les interactions sociales.
Signes liés aux comportements et aux intérêts
- Mouvements répétitifs (balancements, battements des mains, alignement d’objets, etc.).
- Forte résistance aux changements dans la routine ou l’environnement.
- Intérêts restreints et spécifiques, parfois de manière obsessionnelle.
- Sensibilité exacerbée ou diminuée aux stimuli sensoriels (sons, lumières, textures, goûts).
- Réactions inhabituelles face à la douleur, au froid ou à la chaleur.
Signes liés au développement global
- Difficulté à imiter les gestes ou les expressions des autres.
- Absence de jeu symbolique (faire semblant de cuisiner, jouer avec des figurines en simulant des interactions).
- Développement moteur parfois atypique (retard dans l’acquisition de la marche).
- Comportements inhabituels en réaction au stress ou à la frustration (cris, crises soudaines…).
Ces signes ne signifient pas forcément un diagnostic de trouble du spectre de l’autisme, mais s’ils persistent ou s’accumulent, il est recommandé de consulter un spécialiste (pédiatre, neuropédiatre, psychologue) pour un bilan approfondi. Plus le dépistage est précoce, plus l’accompagnement peut être mis en place rapidement pour favoriser le développement et l’épanouissement de l’enfant.
Quelles sont les causes du TSA ?
L’autisme et les autres formes de TSA sont liés à des anomalies du neurodéveloppement survenant dès la période anténatale. Cependant, les causes exactes de ce trouble ne sont pas encore entièrement élucidées. Les recherches suggèrent toutefois qu’une combinaison de facteurs génétiques et environnementaux contribuent au développement du TSA.
Facteurs génétiques
Les recherches montrent que la génétique joue un rôle majeur dans le développement du trouble du spectre de l’autisme. Parfois, une mutation spontanée apparaît chez l’enfant sans être héritée des parents. Dans d’autres cas, une combinaison de variations génétiques peut accroître le risque d’autisme. Plus de 140 gènes sont déjà associés au TSA, et les découvertes se poursuivent. Certaines de ces variations sont également impliquées dans d’autres troubles neurodéveloppementaux, comme le trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH) ou la déficience intellectuelle.
Facteurs environnementaux
Des facteurs environnementaux peuvent aussi jouer un rôle, notamment :
- une inflammation du cerveau susceptible d’altérer son développement ;
- l’exposition à certains virus durant la grossesse ;
- la prise de certains médicaments, comme la Dépakine, pouvant affecter le développement du fœtus.
Important : contrairement à certaines croyances, les vaccins et la maladie cœliaque ne causent pas l’autisme.
Comment diagnostiquer l’autisme ?
Le diagnostic du trouble du spectre de l’autisme repose sur une évaluation approfondie réalisée par une équipe de professionnels spécialisés. Il inclut deux étapes :
- Observation clinique : un professionnel de la santé observe le comportement de votre enfant dans différents contextes, notamment à la maison et à l’école.
- Tests standardisés : votre enfant doit passer un bilan par la suite. Ce bilan contient plusieurs tests cognitifs et des évaluations sensorielles pour différencier le trouble du spectre de l’autisme d’autres troubles du développement.
Le diagnostic précoce est essentiel pour mettre en place des stratégies adaptées et améliorer la qualité de vie des personnes concernées. Une prise en charge rapide permet d’optimiser le développement des compétences sociales, communicationnelles et cognitives.
Comment accompagner une personne autiste ?
L’accompagnement d’une personne qui souffre d’un trouble du spectre de l’autisme repose sur des approches pluridisciplinaires adaptées à ses besoins spécifiques. Voici quelques principes essentiels pour offrir un accompagnement efficace :
- Comprendre son fonctionnement : chaque enfant ou personne autiste est unique. Il est donc essentiel d’identifier ses forces, ses défis et ses besoins spécifiques. Pour cela, l’observation et le dialogue sont des outils précieux afin de mieux appréhender ses modes de communication, ses sensibilités et ses préférences.
- Adapter la communication : il est recommandé d’utiliser un langage clair, précis et sans ambiguïté et de privilégier les supports visuels tels que les pictogrammes, un emploi du temps visuel ou les schémas. Il faut également être patient et laisser du temps à l’enfant qui est touché par un trouble du spectre de l’autisme pour traiter l’information et répondre.
- Respecter les particularités sensorielles : un enfant autiste est souvent hypersensible aux sons, lumières, textures, odeurs…Il est crucial d’identifier et d’anticiper ses hypersensibilités et lui proposer des alternatives comme un casque antibruit, des lumières tamisées…
- Encourager l’autonomie et les intérêts : afin de réduire l’anxiété d’un enfant qui souffre du trouble du spectre de l’autisme, mieux vaut structurer son environnement avec des repères clairs (routines, emploi du temps précis).
- Gérer les émotions et les interactions sociales : pour aider un enfant autiste à reconnaître et exprimer ses émotions, il est utile d’utiliser des outils adaptés comme les échelles émotionnelles ou les scénarios sociaux. Il faut aussi lui offrir un cadre bienveillant, éviter les injonctions au changement et valoriser ses forces. Pour favoriser son bien-être et son épanouissement, veillez au respect de son rythme en matière d’interactions sociales, sans le contraindre.
- S’appuyer sur un accompagnement professionnel : il est essentiel de solliciter l’aide de professionnels spécialisés (orthophonistes, ergothérapeutes, psychologues, éducateurs…) en fonction des besoins spécifiques de l’enfant qui souffre du trouble du spectre de l’autisme. Il convient également de mettre en place des stratégies éducatives et comportementales adaptées, telles que l’éducation spécialisée, en incluant des méthodes comme l’ABA (Analyse Comportementale Appliquée) ou le TEACCH (Traitement et Éducation des Enfants Autistes et Autres Enfants avec Déficits de Communication).
En définitive, le trouble du spectre de l’autisme est une réalité complexe qui nécessite une approche individualisée. Un accompagnement adapté et une sensibilisation accrue sont essentiels pour permettre aux personnes autistes de s’épanouir pleinement dans la société.