
Prévenir les troubles de la thyroïde : les bons gestes à adopter
Les troubles de la thyroïde touchent une large partie de la population, et leur prévalence augmente avec l’âge. Chez les seniors, un dysfonctionnement de cette glande endocrine peut entraîner des conséquences significatives sur leur état de santé. D’où la nécessité de prévenir ces troubles en adoptant les bons gestes au quotidien.
Comprendre la thyroïde et ses troubles
La thyroïde est une petite glande située à la base du cou, sous forme de papillon, qui joue un rôle clé dans le métabolisme et l’équilibre hormonal du corps. Elle produit deux hormones principales : la thyroxine (T4) et la triiodothyronine (T3). Ces hormones régulent le métabolisme, la température corporelle, le rythme cardiaque, la digestion et bien d’autres fonctions vitales.
Un déséquilibre dans la production de ces hormones peut entraîner divers troubles de la thyroïde, qui sont particulièrement fréquents chez les seniors. Des troubles qui peuvent passer inaperçus au début, tant leurs symptômes sont souvent confondus avec ceux du vieillissement naturel.
Parmi les troubles de la thyroïde les plus fréquents chez les seniors, on retrouve :
- l’hypothyroïdie : fréquente chez les personnes âgées, elle résulte d’une production insuffisante d’hormones thyroïdiennes, entraînant un ralentissement du métabolisme. Les symptômes incluent une fatigue persistante, une frilosité excessive, une peau sèche, une prise de poids inexpliquée et un ralentissement du rythme cardiaque ;
- l’hyperthyroïdie : à l’opposé de l’hypothyroïdie, ce trouble de la thyroïde se caractérise par une production excessive d’hormones thyroïdiennes, ce qui augmente le métabolisme de manière générale. Les personnes âgées atteintes d’hyperthyroïdie peuvent présenter des symptômes tels que la nervosité, des tremblements, une perte de poids, des palpitations et des insomnies ;
- le goitre : ce trouble de la thyroïde se manifeste par une augmentation du volume de la glande thyroïde, souvent liée à une carence en iode. Un goitre peut être bénin mais aussi indiquer un dysfonctionnement de la glande thyroïde, comme une hypothyroïdie ou une hyperthyroïdie ;
- les nodules thyroïdiens : ce sont des masses anormales qui se forment au sein de la glande thyroïde. Leur fréquence augmente avec l’âge et ils peuvent être bénins ou, dans certains cas, malins. Si la plupart des nodules thyroïdiens sont asymptomatiques, certains peuvent provoquer des compressions dans le cou.
Troubles de la thyroïde : quels sont les facteurs de risque chez les seniors ?
Les troubles de la thyroïde sont particulièrement fréquents chez les personnes âgées, et plusieurs facteurs augmentent leur prévalence. Une bonne compréhension de ces facteurs permet d’adopter des mesures préventives et de limiter les complications associées à ces troubles.
- L’âge : le risque de développer des troubles de la thyroïde augmente significativement avec l’âge. Après 60 ans, la glande thyroïde peut devenir moins efficace, ce qui favorise l’hypothyroïdie. Tout comme l’hyperthyroïdie, qui est également fréquente chez les personnes âgées.
- Le sexe : les troubles de la thyroïde touchent davantage les femmes que les hommes. Après la ménopause, les fluctuations hormonales augmentent encore le risque d’hypothyroïdie. De plus, les femmes sont plus sujettes aux maladies auto-immunes affectant la thyroïde.
- Les antécédents familiaux : avoir un parent proche souffrant de troubles de la thyroïde (hypothyroïdie, hyperthyroïdie, goitre ou nodules) accroît le risque de développer une affection thyroïdienne avec l’âge. Les seniors ayant des antécédents familiaux doivent être particulièrement attentifs aux signes évocateurs de dysfonctionnement thyroïdien.
- Les maladies auto-immunes : certaines maladies auto-immunes peuvent altérer la fonction thyroïdienne et entraîner des troubles de la thyroïde. La maladie de Hashimoto, principale cause d’hypothyroïdie, et la maladie de Basedow, associée à l’hyperthyroïdie, sont plus fréquentes chez les personnes âgées.
- Les carences nutritionnelles : une alimentation pauvre en iode, sélénium et zinc peut affecter le bon fonctionnement de la thyroïde et augmenter le risque de troubles de la thyroïde. L’iode est indispensable à la production d’hormones thyroïdiennes, tandis que le sélénium protège la glande contre le stress oxydatif et le zinc facilite la production d’hormones thyroïdiennes.
- Les médicaments : certains traitements peuvent induire des troubles de la thyroïde. L’amiodarone, un médicament prescrit pour les troubles du rythme cardiaque, peut perturber le métabolisme de la thyroïde. D’autres médicaments comme le lithium ou les corticoïdes peuvent également affecter la production d’hormones thyroïdiennes.
Un suivi médical régulier est essentiel pour détecter précocement tout trouble de la glande thyroïde chez les seniors. Un bilan sanguin incluant le dosage de la TSH permet d’identifier une hypothyroïdie ou une hyperthyroïdie et d’ajuster la prise en charge médicale en conséquence. Une surveillance adaptée permet de limiter les complications et d’améliorer la qualité de vie des personnes âgées souffrant de troubles de la thyroïde.
Quels sont les gestes à adopter pour prévenir les troubles de la thyroïde ?
La prévention des troubles de la thyroïde chez les seniors repose sur une combinaison de mesures liées à l'alimentation, au mode de vie, et à la surveillance médicale.
1. Adopter une alimentation équilibrée et riche en nutriments essentiels
Une alimentation saine joue un rôle fondamental dans la prévention des troubles de la thyroïde. Certains nutriments sont indispensables au bon fonctionnement de la glande thyroïde.
- Assurer un apport suffisant en iode : ce dernier est essentiel à la production des hormones thyroïdiennes. Un déficit peut favoriser l’hypothyroïdie, tandis qu’un excès peut également perturber la thyroïde. Les meilleures sources alimentaires d’iode incluent le sel iodé, les fruits de mer, les poissons (cabillaud, morue, sardines), les algues et les produits laitiers.
- Consommer des aliments riches en sélénium : le sélénium est un puissant antioxydant qui protège la glande thyroïde contre le stress oxydatif et favorise la conversion de la T4 en T3. On le retrouve dans les noix du Brésil, les graines de tournesol, les œufs, les poissons gras (saumon, maquereau) et les champignons.
- Inclure des aliments riches en zinc : Le zinc est important pour la synthèse des hormones thyroïdiennes. On le trouve dans les viandes maigres (veau par exemple), les crustacés (crabes, langoustes, etc.), les légumineuses (lentilles vertes, haricots blancs, pois chiches, etc.) et les graines de courge.
- Eviter les aliments riches en goitrogènes : certains aliments comme le chou, le brocoli, le chou-fleur, et le soja, peuvent interférer avec l'absorption d'iode et la fonction thyroïdienne s'ils sont consommés en grande quantité. Une consommation modérée est généralement sans danger.
- Maintenir un équilibre en vitamines : les vitamines A, D, et E jouent un rôle dans la santé thyroïdienne. Une alimentation variée incluant des fruits, des légumes, des produits laitiers, et des huiles végétales peut aider à maintenir de bons niveaux.
2. Maintenir un poids santé
Le surpoids et l'obésité peuvent augmenter le risque de troubles de la thyroïde, en particulier l'hypothyroïdie. Inversement, une perte de poids excessive peut être un signe d'hyperthyroïdie. Pour maintenir un poids santé idéal, il est essentiel d’adopter une alimentation équilibrée, d’éviter les régimes trop restrictifs, qui peuvent perturber le métabolisme et aggraver un déséquilibre thyroïdien.
3. Pratiquer une activité physique régulière
L'exercice physique a de nombreux bénéfices pour la santé, y compris pour la thyroïde. Il aide à réguler le métabolisme, à maintenir un poids santé, et à réduire le stress, qui peut affecter la fonction thyroïdienne. De plus, une activité physique adaptée améliore la circulation sanguine et l’oxygénation des cellules, favorisant ainsi le bon fonctionnement de la glande thyroïde. Elle contribue également à préserver la masse musculaire et la densité osseuse, des éléments essentiels pour prévenir les effets secondaires de l’hypothyroïdie, comme la fatigue et la fragilité osseuse.
Les seniors devraient dans ce cas, privilégier des activités telles que la marche, la natation, le yoga ou le tai-chi dans leur quotidien. Ces exercices doux contribuent à maintenir la souplesse articulaire, à renforcer l’équilibre et à réduire ainsi le risque de chutes. Il est important de choisir une activité adaptée à son état de santé et à ses capacités physiques, tout en veillant à une pratique régulière afin d’en maximiser les bienfaits sur la fonction thyroïdienne et le bien-être général.
4. Gérer le stress
Le stress chronique peut perturber l'axe hypothalamo-hypophyso-thyroïdien, impactant ainsi la production d’hormones thyroïdiennes et favorisant les troubles de la thyroïde, notamment l’hypothyroïdie. Avec l’âge, la gestion du stress devient essentielle pour prévenir les déséquilibres hormonaux et préserver l’énergie au quotidien.
Des pratiques comme le yoga doux, la sophrologie et la cohérence cardiaque sont particulièrement adaptées aux seniors et permettent d’apaiser le mental tout en améliorant la qualité du sommeil.
Prendre le temps de s’adonner à des activités apaisantes telles que la lecture, le jardinage, la musique ou encore les promenades en pleine nature peut également contribuer à une meilleure régulation du stress et, par conséquent, au bon fonctionnement de la thyroïde.
5. Éviter les substances nocives
Certaines substances peuvent favoriser les troubles de la thyroïde, notamment le tabagisme, qui augmente le risque de maladie de Basedow, de goitre et de nodules thyroïdiens. Chez les seniors, il peut également aggraver les maladies cardiovasculaires et respiratoires, rendant son arrêt d’autant plus crucial.
Les perturbateurs endocriniens, présents dans certains plastiques, cosmétiques et pesticides, peuvent altérer la production d’hormones thyroïdiennes. De plus, l’exposition aux métaux lourds comme le mercure ou le plomb, présents dans certains aliments contaminés, peut impacter le fonctionnement de la thyroïde. Pour limiter ces risques, il est recommandé d’opter pour une alimentation issue de circuits courts, d’utiliser des contenants en verre, de privilégier des cosmétiques naturels et d’éviter les produits ménagers contenant des substances toxiques.
6. Faire des bilans de santé réguliers
Les troubles de la thyroïde peuvent être asymptomatiques ou discrets, souvent confondus avec les effets du vieillissement, comme la fatigue, les troubles de l'humeur ou les variations de poids. C'est pourquoi des bilans de santé réguliers sont essentiels pour identifier un éventuel dysfonctionnement de la glande thyroïde avant qu'il ne s'aggrave.
Un simple bilan sanguin, incluant le dosage de la TSH, T3 et T4, permet de détecter précocement une hypothyroïdie ou une hyperthyroïdie et d’adapter la prise en charge. En complément, une échographie thyroïdienne peut être réalisée en cas de goitre ou de nodules suspects. Pour les seniors, un contrôle annuel est recommandé, surtout en présence d’antécédents familiaux ou de maladies chroniques pouvant influencer la fonction thyroïdienne.
7. Être attentif aux symptômes
Afin d’éviter toute complication, les seniors et leurs proches devraient être vigilants face aux symptômes potentiels de certains troubles de la thyroïde, tels que :
- une fatigue persistante et une perte d’énergie inexpliquée ;
- des changements physiques soudains, prise de poids (hypothyroïdie) ou à contrario une perte rapide (hyperthyroïdie) ;
- une sensibilité accrue au froid ou à la chaleur ;
- une irritabilité, une dépression, des troubles de la mémoire et de la concentration ;
- des palpitations, un essoufflement ou des troubles du rythme cardiaque ;
- une constipation chronique ou une diarrhée fréquente ;
- une peau sèche, des cheveux cassants, des crampes musculaires ou des douleurs articulaires.
À l’apparition de l’un ou de plusieurs de ces symptômes, il est important de consulter un médecin sans tarder pour un bilan approfondi.
Les troubles de la thyroïde sont fréquents chez les seniors et peuvent avoir un impact significatif sur leur santé et leur bien-être. Cependant, en adoptant des mesures préventives, il est possible de réduire le risque de développer ces troubles et de limiter leurs effets sur l’organisme.