Comprendre l’arythmie cardiaque chez la personne âgée

Avec l’âge, le rythme du cœur peut se dérégler sans prévenir. Palpitations, fatigue ou simples malaises peuvent être les premiers signes d’une arythmie cardiaque chez la personne âgée. Comment la reconnaître, la diagnostiquer et la traiter ? Eléments de réponse.  

Qu’est-ce que l’arythmie cardiaque chez la personne âgée ? 

Le cœur est un muscle qui bat en rythme pour faire circuler le sang dans tout le corps. En temps normal, ce rythme est régulier, un peu comme un métronome. Mais il peut arriver que ce mécanisme se dérègle : les battements deviennent alors irréguliers, trop rapides ou trop lents, sans raison apparente.  

C’est ce qu’on appelle une arythmie cardiaque. Chez une personne âgée, ce phénomène n’est pas rare. Avec l’âge, les tissus du cœur vieillissent, les nerfs qui commandent le rythme cardiaque peuvent moins bien transmettre les signaux, et certains problèmes de santé peuvent accentuer ces troubles. Résultat : le cœur peut avoir plus de mal à remplir sa mission, notamment celle de faire circuler efficacement le sang dans l’organisme. 

Cette anomalie peut parfois passer inaperçue, mais elle peut aussi provoquer des sensations désagréables comme des palpitations, une fatigue inhabituelle ou un essoufflement à l’effort. L’important, c’est de ne pas minimiser ces signes. Une arythmie cardiaque n’est pas toujours grave, mais elle mérite toujours d’être surveillée, surtout chez la personne âgée, où elle peut entraîner des complications si elle n’est pas prise en charge à temps. 

Les types d’arythmie fréquents chez les seniors 

Il existe plusieurs formes d’arythmie cardiaque qui peuvent toucher une personne âgée, certaines bénignes, d’autres plus sérieuses. Les connaître permet d’être mieux préparé et de réagir rapidement si nécessaire. 

La fibrillation auriculaire 

C’est l’arythmie cardiaque la plus fréquente chez la personne âgée. Elle se traduit par des battements irréguliers au niveau des oreillettes du cœur. Ce trouble peut ne provoquer aucun symptôme au départ, mais il augmente le risque de formation de caillots sanguins, et donc d’accident vasculaire cérébral (AVC).  

La bradycardie 

Il s’agit d’un ralentissement anormal du rythme cardiaque. Un cœur qui bat trop lentement peut ne pas envoyer assez de sang vers le cerveau et les organes, provoquant ainsi des étourdissements, de la fatigue, voire des malaises. Certaines bradycardies nécessitent la pose d’un stimulateur cardiaque. 

La tachycardie 

C’est l’inverse de la bradycardie : le cœur bat anormalement vite. Cela peut survenir par crises, parfois accompagnées d’une sensation d’oppression dans la poitrine ou d’un essoufflement. Si ces épisodes se répètent ou deviennent inconfortables, il est important d’en parler à un professionnel de santé. 

Les extrasystoles 

Elles sont fréquentes et souvent sans gravité. Ce sont des battements supplémentaires qui donnent l’impression d’un battement manqué ou d’un saut dans le rythme cardiaque. Bien que gênantes, elles ne nécessitent pas toujours de traitement si elles restent isolées. 

La fibrillation ventriculaire 

C’est la forme la plus grave d’arythmie cardiaque. Elle provoque une désorganisation totale de l’activité électrique des ventricules de la personne âgée, ce qui entraîne un arrêt brutal de la circulation du sang. C’est une urgence vitale qui nécessite une prise en charge immédiate. 

Quels sont les signes d’arythmie à repérer ? 

L’arythmie cardiaque peut se manifester de manière très différente d’une personne âgée à l’autre. Certains signes sont faciles à reconnaître, d’autres plus discrets. Il est donc essentiel de rester attentif à ce que vous ressentez, même si cela vous semble anodin au départ. 

Voici les principaux symptômes à surveiller : 

• des palpitations : vous avez l’impression que votre cœur s’emballe, saute un battement ou bat de façon irrégulière. Ces sensations peuvent apparaître au repos, à l’effort ou lors d’un moment de stress. Elles peuvent durer quelques secondes ou plusieurs minutes ;

• un essoufflement inhabituel : monter quelques marches ou faire une petite promenade devient plus difficile qu’avant ? Vous êtes rapidement à bout de souffle ? Ce signe ne doit pas être négligé, surtout s’il est nouveau ;

• une fatigue persistante : se sentir vidé, sans raison apparente, au réveil ou en cours de journée, peut être lié à un cœur qui ne fonctionne pas à son plein rendement. Cela peut aussi s’accompagner d’un manque d’énergie inhabituel ;

• des sensations de vertige ou de tête qui tourne : un cœur qui bat trop lentement ou trop irrégulièrement peut perturber l’irrigation du cerveau, provoquant des étourdissements, une sensation de flottement ou des pertes d’équilibre ;

• des douleurs dans la poitrine : une gêne ou une pression thoracique peut être le signe d’un effort trop important du cœur. Il ne faut jamais banaliser une douleur dans la poitrine, même si elle semble légère ;

• des malaises, voire des évanouissements : une perte de connaissance, même brève, est toujours un signal d’alerte. Elle peut révéler une arythmie cardiaque importante chez une personne âgée ou une baisse soudaine de la tension ; 

• des troubles de la concentration ou de la mémoire : une arythmie cardiaque mal tolérée peut parfois provoquer chez la personne âgée des difficultés à se concentrer, des oublis fréquents, ou un ralentissement du raisonnement ;

• des chutes inexpliquées : une chute sans obstacle ni vertige identifié peut être liée à un trouble du rythme cardiaque, surtout si elle s’est produite sans que vous vous en souveniez précisément ;

• et parfois… aucun symptôme : dans de nombreux cas, l’arythmie cardiaque est silencieuse chez la personne âgée. Elle est alors découverte lors d’un examen de routine ou une consultation de suivi. 

Comment diagnostiquer une arythmie cardiaque ? 

Le diagnostic d’une arythmie cardiaque s’appuie sur une série d’examens simples, indolores et bien tolérés par la personne âgée. L’objectif est de comprendre l’origine des troubles, leur fréquence et leur impact sur le fonctionnement du cœur.  

L’entretien médical et l’examen clinique 

Le médecin commence toujours par vous poser des questions précises : depuis quand avez-vous ces sensations inhabituelles ? À quel moment de la journée se manifestent-elles ? Avez-vous des antécédents cardiaques, personnels ou familiaux ? Cet échange, accompagné d’un examen physique (prise de pouls, tension artérielle, auscultation), donne déjà des indications utiles. 

L’électrocardiogramme (ECG) de repos 

C’est souvent le premier examen réalisé. Il enregistre l’activité électrique de votre cœur pendant quelques secondes. Il peut suffire à détecter certaines arythmies. Il se fait en position allongée, en plaçant de petites électrodes sur la peau. L’ECG est rapide, indolore, et se réalise généralement en cabinet ou à l’hôpital. 

L’Holter ECG (sur 24 voire 48 heures) 

Lorsque les symptômes sont intermittents, le médecin peut vous proposer de porter un petit boîtier en continu, pendant une journée ou deux. Cet appareil enregistre les battements du cœur en temps réel, même pendant le sommeil ou les activités quotidiennes. Cela permet de détecter des troubles passagers qui ne seraient pas visibles sur un simple ECG de repos. 

L’échocardiographie 

Cet examen utilise les ultrasons pour visualiser le fonctionnement du cœur en direct. Il permet de vérifier la taille des cavités, l’état des valves et la capacité de contraction du muscle cardiaque. Il est utile pour évaluer l’impact d’une arythmie cardiaque sur le cœur de la personne âgée. 

Le test d’effort 

Il consiste à faire un ECG pendant que vous marchez sur un tapis roulant ou que vous pédalez sur un vélo. Cela permet d’analyser le rythme cardiaque à l’effort, ce qui peut faire apparaître certaines anomalies qui ne se manifestent qu’en cas d’augmentation de la fréquence cardiaque. 

Le bilan sanguin 

Enfin, une simple prise de sang peut aider à rechercher une cause sous-jacente : troubles de la thyroïde, déséquilibres en potassium, en magnésium ou autres anomalies pouvant influencer le rythme cardiaque. 

Ces examens sont prescrits en fonction de votre situation, et ils sont généralement bien tolérés. Le but est de poser un diagnostic précis pour adapter le traitement à votre rythme de vie et à votre santé globale.  

Quels traitements pour une arythmie cardiaque ? 

Une fois le diagnostic posé, le médecin peut proposer différents traitements. Le choix dépend du type d’arythmie cardiaque, de son impact sur la santé de la personne âgée et de son état général.  

L’objectif est double : rétablir un rythme cardiaque régulier et prévenir les complications, notamment les accidents vasculaires cérébraux (AVC) ou l’insuffisance cardiaque. 

Dans de nombreux cas, une approche combinée est recommandée. 

Améliorer son hygiène de vie 

Certains gestes simples peuvent aider à stabiliser le rythme du cœur. Ils ne remplacent pas le traitement médical, mais en améliorent souvent les effets. Il faut :  

• manger sainement, en limitant le sel, les graisses saturées, l’alcool et la caféine ; 

• bouger un peu chaque jour, selon les capacités : marche douce, vélo, exercices d’équilibre ; 

• dormir suffisamment et à des heures régulières ; 

• réduire les sources de stress, en prenant du temps pour soi (relaxation, jardinage, musique…). 

Prendre un traitement médicamenteux 

Plusieurs familles de médicaments peuvent être prescrites : 

• des médicaments pour ralentir les battements du cœur, si celui-ci bat trop vite (notamment des bêtabloquants ou des inhibiteurs calciques) ; 

• des antiarythmiques, pour réguler le rythme électrique du cœur ; 

• des anticoagulants, en particulier en cas de fibrillation auriculaire, pour éviter la formation de caillots sanguins responsables d’AVC. Ces traitements doivent être bien surveillés, mais ils sont aujourd’hui plus simples à gérer qu’autrefois. 

Le médecin ajustera les doses avec précaution, en tenant compte de votre âge, de vos autres traitements, et de vos antécédents médicaux. 

Installer un dispositif médical si nécessaire 

Dans certaines situations, un appareil peut aider votre cœur à retrouver un rythme stable : 

• le pacemaker (ou stimulateur cardiaque) est implanté sous la peau. Il envoie un petit signal électrique si le cœur bat trop lentement ou s’arrête momentanément ; 

• le défibrillateur automatique implantable (DAI), réservé aux cas plus graves d’arythmie cardiaque, et peut réagir en cas de rythme très dangereux chez la personne âgée ; 

• des interventions comme l’ablation par radiofréquence, qui permettent de neutraliser les zones du cœur responsables du trouble du rythme, lorsque les médicaments sont inefficaces ou mal tolérés. 

L’arythmie cardiaque peut survenir chez la personne âgée de façon imprévisible. En identifiant rapidement les signes, en réalisant les examens appropriés et en mettant en place un traitement personnalisé, il est possible de mieux gérer ce trouble et de maintenir une bonne qualité de vie au quotidien.