Comment identifier la maltraitance des personnes âgées ? - Heyme
Publication :  1 JUIL. 2025
Mise à jour :  1 JUIL. 2025
5 MIN
 

Comment identifier la maltraitance des personnes âgées ?

La maltraitance des personnes âgées est une réalité souvent occultée au sein de notre société. Trop souvent invisible, elle touche des milliers de seniors chaque année, en institution comme à domicile. Comment la repérer ? Quels sont les signes à ne pas négliger ? Et surtout, comment agir face à pareille situation ? Plongée au cœur d’un fléau silencieux. 

 

Qu’est-ce que la maltraitance des personnes âgées ? 

La maltraitance des personnes âgées se définit comme tout acte ou omission pouvant nuire au bien-être, à la santé, à la sécurité ou au respect d’un senior. Cette dernière ne se limite pas aux actes intentionnels ; elle peut également résulter d'un manque de connaissances, de ressources ou de soutien de la part des aidants ou des institutions. Cette maltraitance peut survenir dans différents contextes : 

  • à domicile, où la personne âgée peut être victime de violences ou de négligence de la part de ses proches, aidants familiaux ou intervenants à domicile. L’isolement, la dépendance affective ou physique, et la fatigue des aidants peuvent favoriser la maltraitance ; 
  • en établissement, notamment dans les EHPAD, hôpitaux ou résidences autonomie, où la maltraitance des personnes âgées peut découler de conditions de travail inadaptées, d’un manque de personnel, ou de mauvaises pratiques professionnelles. Il peut s’agir d’actes individuels ou d’un dysfonctionnement institutionnel plus global ; 
  • dans l’espace public, où les personnes âgées peuvent être confrontées à des comportements discriminants, des abus d’autorité, un manque d’écoute ou de considération de leurs besoins spécifiques. 

Quelles sont les différentes formes de maltraitance des personnes âgées ?

La maltraitance des personnes âgées revêt de nombreuses formes, parfois visibles, parfois plus discrètes, mais toujours préjudiciables. Elle ne se résume pas à la violence physique : elle englobe toute attitude ou action pouvant compromettre la santé, la sécurité ou la dignité des aînés. 

Parmi les formes les plus courantes de maltraitance envers les personnes âgées, on retrouve : 

  • la maltraitance physique, qui comprend les coups, blessures, contentions abusives, privations de soins ou de nourriture. Ce type de violence laisse souvent des traces visibles ; 
  • la maltraitance psychologique ou morale, plus insidieuse, se manifeste par des humiliations, des menaces, un isolement forcé, des propos infantilisants ou dénigrants. Elle altère profondément l’estime de soi et le bien-être émotionnel des seniors ; 
  • la maltraitance financière ou matérielle, souvent liée à des abus de confiance ou de faiblesse. Elle concerne le vol, les escroqueries, des pressions pour subtiliser des revenus ou modifier un testament ; 
  • la maltraitance médicale, lorsque des soins nécessaires sont refusés ou négligés, ou que des traitements sont imposés sans consentement ; 
  • la maltraitance institutionnelle, qui découle d’un manque de moyens, de personnel ou d’organisation dans les structures d’accueil, entraînant des pratiques déshumanisantes ou une prise en charge inadaptée ; 
  • l’abus sexuel, bien que rarement évoqué, reste une réalité : il s’agit de tout attouchement physique ou sexuel non consenti, dû à la vulnérabilité physique ou cognitive de la personne âgée ; 
  • la négligence, qu’elle soit volontaire ou non, survient lorsque les besoins fondamentaux d’une personne âgée ne sont pas satisfaits (alimentation, hygiène, habillement, soins médicaux, etc.), que ce manquement provienne d’un proche aidant ou d’un membre du personnel d’un établissement de soins ou de santé. 

Comment reconnaître les signes de maltraitance sur les personnes âgées ? 

Parce que la peur, la honte ou la dépendance empêchent souvent les victimes de s’exprimer, il est essentiel d’être attentif aux indices, même discrets, qui peuvent suggérer des actes de maltraitance sur des personnes âgées. 

Les signes physiques
 

  • Blessures inexpliquées : hématomes, fractures, brûlures, coupures ; etc.  
  • Plaies non soignées, escarres. 
  • Amaigrissement soudain ou signes de déshydratation. 
  • Mauvaise hygiène corporelle et vêtements sales ou inadaptés. 
  • Absence de soins médicaux nécessaires. 
  • Surdosage ou sous-dosage médicamenteux. 

Les signes psychologiques et comportementaux
 

  • Anxiété, peur excessive, notamment en présence de certaines personnes. 
  • Repli sur soi, isolement social, perte d’intérêt pour les activités habituelles. 
  • Dépression, changements d’humeur soudains. 
  • Troubles du sommeil ou de l’appétit. 
  • Regard fuyant, évitement du contact visuel. 
  • Expressions de honte, de détresse ou de culpabilité. 
  • Comportement inhabituel : agressivité et passivité excessive. 

Les signes financiers
 

  • Retraits bancaires fréquents ou importants, inexpliqués. 
  • Factures impayées malgré des ressources suffisantes. 
  • Disparition d’objets de valeur ou de liquidités. 
  • Modifications soudaines de documents (testament, procuration, etc.). 
  • Changement de bénéficiaire sur les contrats d’assurance. 
  • Dépendance financière soudaine envers un tiers. 

Les signes liés à l’entourage ou à l’aidant

  • Refus de laisser la personne âgée s’exprimer librement. 
  • Présence constante d’un tiers empêchant tout échange privé. 
  • Comportement autoritaire ou agressif envers l’aîné. 
  • Explications floues ou incohérentes sur des blessures ou incidents. 
  • Isolement de la personne âgée vis-à-vis de son entourage. 
  • Intérêt excessif pour les finances de la personne âgée. 

Pourquoi la maltraitance des personnes âgées reste-t-elle invisible ? 

La maltraitance des personnes âgées est trop souvent ignorée et passée sous silence. De nombreuses situations passent inaperçues en raison de multiples facteurs qui entravent la parole des victimes ou la vigilance de l’entourage. 

  • L’isolement social : de nombreuses personnes âgées vivent seules, sans entourage proche pour détecter ou relayer les signes d’abus. Sans confident ni regard extérieur, la maltraitance des personnes âgées peut perdurer dans le silence le plus total. 
  • La déficience cognitive : les troubles de la mémoire ou cognitifs liés à la maladie d’Alzheimer, peuvent empêcher les victimes de décrire clairement les mauvais traitements subis. Leurs témoignages sont parfois minimisés ou mal interprétés, rendant la maltraitance encore plus difficile à prouver ; 
  • La dépendance affective ou matérielle : la crainte de perdre un lien familial ou d’être placées en institution pousse certaines victimes à accepter, voire à justifier, des comportements abusifs. Cette peur du changement ou de la solitude contribue au silence qui entoure de nombreuses situations de maltraitance. 
  • La culpabilité et la résignation : certaines victimes, fragilisées psychologiquement, finissent par croire qu’elles sont responsables des mauvais traitements qu’elles subissent, surtout lorsqu’ils proviennent de proches. Elles ont dès lors tendance à intérioriser cette violence, à la justifier ou à la banaliser, pensant qu’elles la méritent. 
  • La normalisation des violences : dans certains établissements ou foyers, des comportements abusifs peuvent être banalisés ou considérés comme des pratiques « tolérées » en raison du manque de personnel, de ressources ou de surveillance. Dans ce contexte, la maltraitance des personnes âgées tend à se répéter dans l’indifférence, faute de vigilance ou de volonté d’agir. 
  • Le poids des normes sociales : la société entretient encore un certain tabou autour du respect des figures d’autorité ou des aidants familiaux. Remettre en cause l’attitude d’un proche ou d’un professionnel peut être difficile, ce qui rend la maltraitance subie par les aînés encore plus difficile à dénoncer, notamment dans certaines institutions. 

Comment réagir en cas de maltraitance sur des personnes âgées ? 

Lorsqu’on est un proche, un professionnel, ou témoin d’une situation de maltraitance sur des personnes âgées, il est essentiel d’agir avec discernement, tout en plaçant le bien-être physique et psychologique de l’aîné au centre des priorités.  
Qu’il s’agisse de faits avérés ou de simples soupçons, il existe plusieurs manières de réagir pour briser le silence et dénoncer tout acte malveillant. 

Pour les proches et aidants familiaux

  • Engager le dialogue avec bienveillance : poser des questions ouvertes, sans insister, afin de laisser à la personne âgée la liberté de s’exprimer si elle en ressent le besoin. 
  • Observer l’environnement de vie : état du logement, présence ou absence de soins, attitude des intervenants ou de l’entourage. 
  • Recueillir des éléments concrets : dates, faits, témoignages, tout ce qui peut appuyer un signalement de maltraitance sur personnes âgées. 
  • Contacter un professionnel de santé ou un travailleur social pour solliciter un avis ou être orienté vers un service adapté. 

Pour les professionnels du secteur médico-social

  • Utiliser les canaux internes : informer le cadre référent, le médecin coordinateur ou la direction de l’établissement. 
  • Appliquer le devoir d’alerte : en tant que professionnel, signaler toute suspicion de maltraitance envers des personnes âgées fait partie des obligations éthiques et légales (peine de 3 ans d'emprisonnement et 45 000 € d'amende en cas de non dénonciation). 
  • Signaler la maltraitance aux autorités administratives, à l'agence régionale de santé (ARS) ou au conseil du département, si la maltraitance des personnes âgées a lieu dans un établissement ou à l’hôpital. 

Les dispositifs d’écoute et de signalement

  • Composer le 3977 : numéro national d’aide et d’écoute contre la maltraitance des personnes âgées, vulnérables et des personnes en situation de handicap. L’appel étant gratuit et confidentiel. 
  • Contacter des associations spécialisées comme ALMA (Allô Maltraitance des Personnes âgées et Majeures Handicapées), Les Petits Frères des Pauvres ou la FIAPA (Fédération Internationale des Associations des Personnes Âgées), qui sensibilisent et luttent contre les différentes formes de maltraitance perpétrées à l’encontre des aînés. 

Les recours juridiques, pour aller plus loin
 

  • Signaler les faits auprès du procureur de la République, ainsi qu’aux services de police et de gendarmerie en cas de danger imminent. 
  • Saisir le Défenseur des droits en cas de manquement grave ou de traitement injuste au sein d’une administration ou d’un service public. 

La maltraitance des personnes âgées est un fléau discret, mais aux conséquences graves. Elle ne doit plus être un sujet tabou. En tant que proche, professionnel ou simple citoyen, nous avons tous un rôle à jouer pour l’identifier, la dénoncer et la prévenir.

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