Seniors : comprendre et reconnaître les différents stades d'escarres
Les escarres, également appelées plaies de pression ou ulcères de décubitus, sont des lésions cutanées fréquentes et redoutées chez les personnes âgées à mobilité réduite, notamment celles alitées ou en fauteuil roulant. Afin de prévenir toute aggravation, il est essentiel de savoir reconnaître les différents stades d’escarres chez les seniors.
Qu’est-ce qu’une escarre ?
Une escarre est une lésion cutanée due à une pression prolongée sur une zone du corps empêchant une circulation sanguine normale. Ce manque d’irrigation provoque une nécrose des tissus, entraînant une plaie plus ou moins profonde. Les escarres apparaissent principalement chez les personnes âgées, alitées ou en fauteuil roulant et notamment sur les zones d'appui du corps, à savoir :
- l’arrière de la tête (occiput) ;
- les hanches (trochanter) ;
- le bas du dos (sacrum) ;
- les fesses ;
- les chevilles ;
- les talons.
Seniors : pourquoi les seniors sont-ils plus à risque ?
Le vieillissement naturel du corps rend les personnes âgées particulièrement sensibles à l’apparition et à l’évolution des escarres, quels qu’en soient les stades.
Plusieurs facteurs aggravants sont à l’origine de cette fragilité :
- une mobilité réduite : en cas d’alitement prolongé ou de séjour en fauteuil roulant, la pression exercée sur certaines zones n’est plus soulagée naturellement ;
- une altération de la peau : avec l’âge, la peau devient plus fine, moins élastique et moins résistante aux agressions extérieures, favorisant ainsi l’apparition des premiers stades d’escarres ;
- une dénutrition et une déshydratation : des carences en protéines, vitamines et liquides ralentissent la cicatrisation et favorisent la dégradation tissulaire ;
- une perte de masse musculaire et graisseuse : la diminution des tissus protecteurs aggrave les lésions de pression, rendant la peau plus exposée aux traumatismes ;
- une sensibilité réduite : certaines neuropathies liées à l’âge réduisent la perception de la douleur ou de l’inconfort, ce qui peut retarder la détection des premiers stades d’escarres et favoriser leur aggravation si aucune mesure préventive n’est mise en place rapidement ;
- une exposition prolongée à l’humidité : la présence continue d’humidité (transpiration, incontinence urinaire ou fécale) fragilise la peau et favorise les frottements, augmentant ainsi le risque de lésion cutanée.
Quels sont les principaux stades d’escarres chez les seniors ?
Il existe 4 stades d’escarres, classés selon la profondeur et la gravité de la lésion cutanée. Reconnaître ces stades est essentiel pour agir rapidement et éviter l’aggravation de la plaie.
Stade 1
Ce premier stade d’escarre se manifeste par une rougeur persistante qui ne disparaît pas à la pression. La peau peut être plus chaude, plus froide, ou douloureuse. Chez les seniors à la peau foncée, la zone peut apparaître violacée, grisâtre ou pâle. À ce stade, l’escarre est encore réversible, à condition d’agir rapidement pour soulager la pression sur la zone concernée.
Stade 2
L’un des stades d’escarres les plus visibles, le stade 2, se caractérise par une perte partielle de l’épiderme et du derme. La plaie ressemble à une ampoule, une érosion ou un ulcère superficiel. Elle peut être douloureuse et suintante, exposant la zone à un risque accru d’infection. Une hygiène rigoureuse et des soins adaptés sont indispensables pour éviter toute progression.
Stade 3
Ce stade d’escarre témoigne d’une lésion plus profonde, atteignant l’hypoderme. La plaie peut former une cavité ou un cratère, avec parfois des zones de nécrose (tissu mort). Le risque infectieux est important à ce stade, et un traitement médical devient impératif, à savoir, des soins pour traiter les infections et des pansements spéciaux afin de favoriser la cicatrisation.
Stade 4
Le dernier et le plus grave des stades d’escarres chez les seniors entraîne une destruction complète de la peau et des tissus sous-jacents. Les muscles, les tendons, voire les os peuvent être exposés. La plaie est souvent complexe, douloureuse, et sujette à des infections sévères. Ce stade nécessite une prise en charge spécialisée, avec parfois une intervention chirurgicale.
Reconnaître et comprendre les stades d’escarres chez les seniors permet de mettre en place une stratégie de soins efficace, adaptée au niveau de gravité, tout en renforçant la prévention pour limiter leur apparition.
Comment diagnostiquer les différents stades d’escarres chez les seniors ?
Diagnostiquer les différents stades d’escarres chez une personne âgée est une étape essentielle pour adapter les soins, limiter les complications et favoriser une cicatrisation optimale.
Une évaluation clinique rigoureuse permet d’identifier précisément les 4 stades d’escarres, en tenant compte de leur apparence, de leur profondeur et de leur évolution.
Observation visuelle minutieuse de la peau
Le premier réflexe consiste à examiner les zones à risque, notamment le sacrum, les talons, les hanches ou encore les coudes. Il s’agit d’identifier :
- une rougeur persistante qui ne disparaît pas à la pression (stade 1) ;
- une lésion superficielle ou une ampoule avec perte partielle de peau (stade 2) ;
- une plaie profonde, en forme de cratère, signalant une perte de substance au-delà du derme (stade 3) ;
- une ulcération majeure avec atteinte des muscles, tendons, voire de l’os (stade 4).
L’aspect, la couleur, la taille et la profondeur de la plaie sont des indicateurs essentiels pour classer les différents stades d’escarres.
Palpation des tissus cutanés
En complément de l’observation visuelle, la palpation permet d’affiner le diagnostic, en évaluant :
- la température cutanée (plus chaude ou froide qu’à proximité) ;
- la texture (peau dure, tendue ou au contraire molle) ;
- la présence d’une douleur à la pression ou d’un inconfort exprimé par le senior.
Ces éléments permettent de faire la distinction entre une simple irritation cutanée et une atteinte plus profonde.
Analyse des signes associés
Pour évaluer le stade de chaque escarre, le professionnel de santé peut également rechercher :
- des signes d’infection (rougeur accrue, écoulement purulent, odeur nauséabonde, fièvre) ;
- une nécrose (zones noires ou brunâtres de tissus morts) ;
- un exsudat abondant ou inhabituel indiquant une possible surinfection.
Ces symptômes indiquent une aggravation de la lésion, nécessitant une prise en charge médicale spécifique.
Réalisation d’examens complémentaires
Dans certains cas, notamment lorsque l’évolution des stades d’escarres fait suspecter une ostéomyélite, le recours à des analyses de sang, à l’IRM voire à une biopsie de l’os, peut s’avérer nécessaire.
- Analyses de sang : lorsqu’une infection est suspectée, notamment pour les plaies profondes ou persistantes, une prise de sang peut être effectuée pour vérifier si des bactéries circulent dans l’organisme.
- Imagerie par résonance magnétique (IRM) : utilisée en cas de suspicion de complication osseuse, comme une ostéomyélite.
- Biopsie de l’os : peut être pratiquée en cas de suspicion d’ostéomyélite. L’échantillon est ensuite analysé en laboratoire pour rechercher la présence de bactéries, confirmant ou non une infection de l’os.
Surveillance et réévaluation régulière
Diagnostiquer les quatre stades d’escarres n’est pas un acte unique : une surveillance constante est indispensable pour suivre l’évolution des lésions et ajuster les soins. Cela passe par :
- la prise de photographies médicales pour visualiser les changements ;
- l’utilisation de fiches de suivi spécialisées, précisant la taille, la profondeur, l’aspect des bords et la présence de nécrose ou d’exsudat ;
- le réajustement des soins en fonction de la phase de cicatrisation afin d’optimiser la guérison et d’éviter tout risque de complication.
Comment prévenir les escarres chez les seniors ?
La prévention constitue la meilleure stratégie pour éviter l’apparition et la progression des différents stades d’escarres chez les personnes âgées en situation de dépendance ou de mobilité réduite. Une vigilance quotidienne et des gestes simples permettent de limiter les risques dès les premiers signes.
1. Mobilisation régulière
- Alterner les positions au lit toutes les 1 à 2 heures pour réduire la pression sur les zones sensibles.
- Encourager tout mouvement, même minime, pour stimuler la circulation sanguine.
- Utiliser des coussins de positionnement pour répartir les appuis et prévenir l’évolution vers des stades d’escarres plus graves.
2. Utilisation de matériel adapté
- Installer un matelas anti-escarres (à air ou en mousse viscoélastique) pour limiter les pressions prolongées.
- Équiper les fauteuils de coussins ergonomiques conçus pour prévenir les compressions.
- Éviter l’effet « hamac » avec des draps trop tendus afin de prévenir l’apparence des escarres.
3. Hygiène et soins de la peau
- Réaliser une toilette quotidienne avec des produits non agressifs pour préserver et protéger le film hydrolipidique, qui recouvre la totalité de la surface de la peau.
- Sécher délicatement et soigneusement la peau, en insistant sur les plis cutanés où l’humidité peut entraîner des lésions.
- Talquer légèrement certaines zones à risque, si nécessaire, pour limiter la macération et prévenir les premières altérations cutanées.
4. Nutrition et hydratation
- Assurer des apports suffisants en protéines, indispensables à la régénération cellulaire (œufs, viandes maigres, légumineuses…).
- Enrichir l’alimentation avec des compléments alimentaires au cas où les apports caloriques et nutritionnels diminuent.
- Maintenir une bonne hydratation quotidienne (1,5 à 2 litres d’eau), essentielle pour préserver l’élasticité et la résistance de la peau, et ainsi prévenir tout risque d’escarre.
5. Surveillance quotidienne
- Examiner les différentes zones d’appui du corps (sacrum, talons, hanches, coudes…) à la recherche de rougeurs persistantes ou de zones anormalement dures ou sensibles.
- Signaler immédiatement toute modification suspecte de la peau ou anomalie cutanée. Une prise en charge rapide limite le risque d’aggravation de la lésion.
En résumé, reconnaître les différents stades d’escarres chez les seniors permet de réagir rapidement et efficacement dès les premières manifestations. Une attention quotidienne, une bonne hygiène, une mobilisation adaptée et une alimentation équilibrée constituent les piliers de la prévention. Plus elles sont détectées précocement, plus les chances de guérison sont élevées, évitant ainsi toute complication médicale grave.