Le choc du Covid-19 bousculera-t-il enfin la précarité étudiante ? - Heyme
Publication :  9 NOV. 2022
Mise à jour :  9 NOV. 2022
2 MIN
 

Le choc du Covid-19 bousculera-t-il enfin la précarité étudiante ?

Si nous n’y prenons pas garde, les jeunes étudiants précaires risquent d’être les oubliés de la crise que nous traversons. Hadrien Le Roux, président de la Smerep & cofondateur d’Heyme, mutuelle des jeunes de 16 à 35 ans, souligne l’importance de prendre soin d’eux, mais surtout de les écouter.

 

Tribune publiée dans l'Obs le 30/04/2020

Hadrien Le Roux, président de la mutuelle étudiante Smerep devenue Heyme depuis la rentrée 2019, le souligne : 20 % des étudiants vivent en dessous du seuil de pauvreté. La crise économique liée à la pandémie risque d’accroître encore les problèmes rencontrés par ces jeunes. Cursus en suspens, parcours scolaire figé et peu ouvert sur un marché de l’emploi lui aussi en crise. Il alerte sur la nécessaire prise en compte des difficultés que traverse le monde étudiant et la solidarité qui doit prévaloire pour répondre à ses inquiétudes.

Toute crise qu’une société traverse joue le rôle de révélateur. De nos fragilités, de nos faiblesses, des opportunités et de nos marges délaissées. Parmi les populations précaires, les jeunes sont souvent oubliés. En frappant principalement nos aînés, le Covid-19 n’épargne pas, loin s’en faut, notre jeunesse. Outre leur quotidien, les incertitudes sur leur avenir proche et lointain les déstabilisent profondément.

Mutuelle étudiante HEYME

Une précarité étudiante enfin révélée

La crise sanitaire aura eu raison de ce public fragile. La communauté étudiante se voit actuellement dans l’impossibilité de se projeter à plus de quelques semaines. Cursus en suspens, parcours scolaire figé avec une visée des plus pessimistes sur le marché de l’emploi qui les attend.

Cette pensée collective se vit à chaque instant dans la plus grande individualité. Comme les autres publics précaires, ils vivent avec des ressources très limitées : 500 euros par mois d’après les chiffres de l’enquête santé HEYME 2020. Ce qui place 20 % d’entre eux en dessous du seuil de pauvreté, souvent dans des habitats modestes ne dépassant parfois pas 9m², comme ces chambres en résidences universitaires.

Pour cette seule année noire, 56 % d’entre eux ont déjà perdu leur emploi, cet emploi qui leur permettait de vivre ou leur stage nécessaire à la continuité de leurs études. Cette situation financière ne pouvant par ailleurs pas s’améliorer rapidement, tant ces jeunes dépendent de l’aide parentale, qui elle aussi sera lourdement affectée par la crise actuelle.

 

La difficile équation du confinement et de l’isolement chez les étudiants

Premières victimes de ce méfait, les jeunes étudiants n’ont pas eu d’autre choix que d’accuser le coup. Alors qu’ils étaient, pour beaucoup d’entre eux, éloignés de leurs proches au moment d’un confinement qu’on pouvait penser temporaire, l’isolement physique laisse apparaître de plus en plus une détresse psychologique. Vers qui se retourner et parler lorsque l’on représente, pour la pensée publique, une population invisible, et fantasmée comme insouciante autant que sans problème ? Sur ces individus déjà fragilisés – 9 % des étudiants déclarent avoir déjà eu recours à des antidépresseurs – la seule sociabilisation par les réseaux sociaux n’apporte que des réponses superficielles, avec parfois même des effets pervers. Ils sont d’ailleurs 72 % à déclarer avoir des moments de déprime.

Si le constat est alarmant, l’avenir peut se dessiner de façon plus radieuse. Nous devons non seulement y croire, mais surtout l’encourager. La solidarité se répand dans la société comme un élan vertueux, notamment envers les plus démunis. Les Crous offrent des repas, les grandes écoles débloquent des fonds pour leurs étudiants en situation de grande précarité. Les jeunes aident les plus âgés à faire leurs courses dans les villes, dans les villages, dans les quartiers. Ils s’inquiètent, se préoccupent de l’autre, et une nouvelle forme d’humanité et de solidarité se dessine.

 

Dessiner un avenir positif

Cet élan va-t-il se pérenniser ou allons-nous retrouver la situation d’avant crise ? L’effort national doit en premier lieu se focaliser sur cette jeunesse en souffrance. Nous devons leur permettre d’étudier dans les meilleures conditions et leur offrir la possibilité de vivre dignement. Les jeunes ont montré pendant cette période leur forte résilience. Ils débordent de créativité et d’ingéniosité, et ils devront avoir de fait, une place centrale dans la société que nous allons tous essayer de construire ensemble après la crise.

Oui, les crises ont toujours une autre face. Positive, même si cela est difficilement perceptible à ce stade. Et la jeunesse en porte les prémices. Le monde de demain changera et portera en lui nombre de comportements insufflés par la jeunesse. La globalisation, une mondialisation sans contrôle et sans humain, n’est depuis longtemps plus souhaitée par cette génération. Cette génération qui a été la première à placer l’écologie au cœur de sa construction, dessinant ainsi un monde espéré, capable de limiter les excès actuels. Une société plus égalitaire, quand on réalise enfin que les plus précaires de nos concitoyens sont aussi les plus fragiles. Un système de soins, défendu par ces jeunes et dont l’absolue nécessité n’est aujourd’hui plus discutable, après des années de vision bêtement économique.

 

Ecouter les jeunes, plus que les entendre

Ils sont les soignants, les chercheurs, les aidants de demain. Ils sont les travailleurs et décideurs et ils s’engagent déjà, inventant de nouvelles formes de solidarités par des outils technologiques qu’ils maîtrisent et ne subissent pas, par des engagements humains et davantage de proximité dans un monde qui rétrécit.

Il ne s’agit pas d’une révolution silencieuse, ni d’une énième utopie pour un monde nouveau. Cette génération n’en a pas l’immodestie. Mais d’un rare moment où la société doit écouter, plus qu’entendre sa jeunesse. Celle qui subit la crise violemment, que l’on doit accompagner, car c’est elle qui nous accompagnera dans ce monde nouveau.

 

Par Hadrien Le Roux, président de la Smerep & cofondateur de HEYME

 

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