Des bruits ordinaires, comme un robinet qui goutte, ou le brouhaha d’une rue animée sont devenus insupportables voire douloureux ?  Vous souffrez fort probablement d’hyperacousie.  Quelles sont les causes de ce trouble auditif méconnu mais invalidant qui perturbe profondément la vie sociale et quotidienne et comment le gérer ?

Qu’est-ce que l’hyperacousie ?

L’hyperacousie est une hypersensibilité auditive qui provoque une perception anormalement amplifiée des sons environnants. Contrairement à une perte auditive où l’on entend moins bien, les personnes atteintes d’hyperacousie perçoivent certains bruits comme plus forts ou agressifs qu’ils ne le sont réellement. Ce trouble, qui peut survenir de manière soudaine ou progressive, affecte aussi bien l’audition que l’état émotionnel de ceux qui en souffrent.

Il est essentiel de ne pas confondre l’hyperacousie avec une simple intolérance au bruit : il s’agit ici d’un réel trouble médical qui nécessite une prise en charge adéquate.

Quelles sont les causes de l’hyperacousie ?

Les origines de ce trouble sont diverses et souvent complexes. Voici les principales causes identifiées :

1. L’exposition à des bruits forts: travailler dans un environnement bruyant (chantier, usine) ou assister régulièrement à des concerts sans protections auditives peut entraîner des dommages irréversibles aux cellules ciliées de l’oreille interne. Ces cellules, responsables de la transmission des sons au cerveau, jouent un rôle crucial dans la perception auditive. Lorsqu’elles sont endommagées, l’oreille devient plus sensible aux sons.
2. Les traumatismes physiques ou neurologiques: un choc crânien ou un accident vasculaire cérébral aigu peut perturber les mécanismes complexes de traitement des sons. Ces traumatismes peuvent affecter les nerfs ou les zones du cerveau responsables de l’audition, déclenchant ainsi une hyperacousie.
3. Les infections de l’oreille: les otites, labyrinthites ou autres inflammations de l’oreille interne peuvent entraîner une hyperacousie Si ces infections ne sont pas correctement traitées, elles peuvent laisser des séquelles auditives durables.
4. Le stress et l’anxiété: le stress et l’anxiété jouent souvent un rôle aggravant. Chez certaines personnes, le cerveau amplifie involontairement les sons perçus en raison d’une hyperactivité du système nerveux, causée par des tensions émotionnelles prolongées.
5. Les pathologies associées: l’hyperacousie est souvent associée à des troubles comme les acouphènes, la maladie de Ménière ou les migraines chroniques. Ces pathologies augmentent la sensibilité auditive et rendent les sons plus difficiles à tolérer.

Quels sont les symptômes de l’hyperacousie ?

L’hyperacousie se manifeste par une série de symptômes qui varient selon les individus et la gravité du trouble.

• La fatigue auditive : c’est l’un des premiers signes de l’hyperacousie. Elle se manifeste surtout en fin de journée, après une exposition prolongée à un environnement bruyant et se traduit par une impression d’oreille bouchée ou cotonneuse, accompagnée d’une sensibilité accrue aux sons. L’oreille, constamment sollicitée par des sons perçus comme agressifs, s’épuise rapidement rendant difficile toute exposition prolongée à un environnement sonore même modéré.
• Une hypersensibilité sonore : des bruits courants, comme une conversation ou le tintement d’un verre, deviennent insupportables, incitant souvent les personnes atteintes à éviter les lieux animés et les interactions sociales.
• Des douleurs auriculaires : certains sons provoquent une douleur intense dans les oreilles, pouvant être décrite comme une sensation de brûlure ou de pression. Ces douleurs surviennent même pour des sons de faible intensité, rendant la gestion du quotidien particulièrement compliquée.
• Des maux de tête : l’exposition prolongée à des bruits perçus comme agressifs peut entraîner des maux de tête récurrents, voire des migraines. Ces symptômes sont souvent associés à une tension nerveuse accrue, aggravant encore l’inconfort.

Ces manifestations, lorsqu’elles ne sont pas prises en charge, peuvent entraîner un repli sur soi et une détérioration globale de la qualité de vie. Un diagnostic et un traitement adaptés sont donc essentiels pour soulager ces symptômes.

Comment diagnostiquer et traiter l’hyperacousie ?

Un diagnostic précoce est essentiel pour identifier la cause sous-jacente de l’hyperacousie, en évaluer la sévérité et proposer une prise en charge adaptée. Voici les étapes principales de ce processus :

1. Consultation ORL: un médecin spécialiste de l’oreille peut réaliser des tests auditifs approfondis pour évaluer la tolérance aux sons et identifier d’éventuelles causes sous-jacentes (infection, traumatisme, etc.).
2. Thérapie sonore: il s’agit d’un traitement qui vise à habituer progressivement le cerveau à tolérer les sons. À l’aide de bruits blancs ou de sons naturels diffusés à faible volume, la thérapie aide à réentraîner le système auditif.
3. Port de protections auditives adaptées: des bouchons d’oreilles sur mesure, conçus pour filtrer les sons agressifs tout en permettant d’entendre les voix, peuvent être d’une grande aide pour vivre plus sereinement dans des environnements bruyants.
4. Soutien psychologique: vivre avec un trouble auditif peut être difficile sur le plan émotionnel. Un accompagnement avec un psychologue ou un thérapeute peut aider à mieux gérer les impacts psychologiques de l’hyperacousie.

Conseils pour mieux vivre avec l’hyperacousie au quotidien

• Aménagez un espace calme : avoir un coin tranquille chez vous, où les bruits sont minimisés, peut offrir une bulle de sérénité.
• Privilégiez des moments de détente : des activités relaxantes, comme la lecture, aident à réduire la perception de l’hyperacousie.
• Expliquez votre situation à vos proches : parler de vos difficultés à votre entourage permettra aux autres de mieux comprendre et d’adapter leur comportement, par exemple en baissant le volume ou en évitant les sons brusques.

L’hyperacousie est un trouble souvent mal compris, mais qui peut profondément affecter la qualité de vie. En identifiant ses causes et en mettant en place les bonnes stratégies, il est possible de réduire la gêne et de retrouver un certain confort au quotidien.