Médicaments ototoxiques : quand le traitement affecte votre audition - Heyme
Publication :  18 AVR. 2025
Mise à jour :  18 AVR. 2025
7 MIN
 

Médicaments ototoxiques : quand le traitement affecte votre audition

Avec l’âge, l’ouïe peut naturellement s’affaiblir. Cependant, saviez-vous que certains médicaments peuvent également endommager l’oreille interne ? Ce phénomène, appelé ototoxicité, peut provoquer une diminution de l'ouïe, des acouphènes ou des vertiges. Quels sont ces médicaments ototoxiques ?  Comment limiter leurs risques ? Nous vous expliquons tout. 

 

Quels médicaments peuvent altérer l’audition ? 

Certains traitements, notamment ceux destinés aux infections sévères ou aux maladies chroniques, peuvent affecter l’oreille interne. Voici les principales catégories de médicaments ototoxiques à surveiller.

1. Les antibiotiques aminoglycosides : des traitements efficaces, mais à risque

Les aminoglycosides sont des antibiotiques puissants prescrits pour lutter contre des infections bactériennes sévères, comme la tuberculose ou les septicémies. Cependant, ces médicaments sont parmi les plus ototoxiques. Ils peuvent causer une perte auditive partielle ou totale, ainsi que des troubles de l’équilibre, en raison de leur impact sur les cellules ciliées de l’oreille interne. 

Les plus courants sont : 

  • la streptomycine ; 
  • la gentamicine ; 
  • la néomycine ; 
  • l’amikacine. 

Ces traitements sont généralement administrés en milieu hospitalier sous stricte surveillance. En cas d’ototoxicité avérée, les dommages auditifs sont souvent irréversibles, d’où la nécessité d’un suivi médical attentif lors de leur prescription.

2. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) : une toxicité auditive souvent réversible

Les médicaments ototoxiques ne concernent pas seulement les traitements lourds. Certains médicaments en vente libre, comme les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), peuvent également affecter l’audition, notamment lorsqu’ils sont consommés en forte dose ou sur une longue durée. 

Parmi les AINS les plus connus, on retrouve : 

  • l’aspirine ; 
  • l’ibuprofène ; 
  • le naproxène. 

Ces médicaments peuvent provoquer des acouphènes (bourdonnements ou sifflements dans les oreilles) ainsi qu’une diminution temporaire de l’audition. Heureusement, ces effets sont souvent réversibles après l’arrêt du traitement.

3. Les médicaments de chimiothérapie : un impact potentiel sur l’audition

Certains médicaments anticancéreux, en particulier ceux à base de sels de platine, sont connus pour leurs effets ototoxiques. Ils peuvent causer une perte d’audition parfois irréversible. 

Les principaux médicaments de chimiothérapie concernés sont : 

  • le cisplatine (le plus ototoxique) ; 
  • le carboplatine ; 
  • l’oxaliplatine. 

Les effets secondaires liés à ces traitements apparaissent souvent progressivement. C’est pourquoi un suivi auditif régulier est recommandé pour les patients sous chimiothérapie, afin de détecter rapidement toute altération de l’ouïe et d’adapter, si possible, la prise en charge médicale.

4. Les diurétiques de l’anse : un effet temporaire sur l’ouïe

Les diurétiques de l’anse, prescrits pour traiter l’hypertension ou l’insuffisance cardiaque, peuvent aussi avoir des effets ototoxiques. Ces médicaments agissent sur les reins pour éliminer l’excès de liquide dans le corps, mais ils peuvent aussi affecter l’oreille interne, provoquant une baisse temporaire de l’audition ou des vertiges. 

Les diurétiques les plus concernés sont : 

  • le furosémide ; 
  • l’acide éthacrynique ; 
  • le bumétanide. 

Heureusement, ces effets disparaissent généralement après l’arrêt du traitement. Cependant, chez certaines personnes, la toxicité auditive peut être plus marquée et nécessiter une surveillance médicale.

5. Les médicaments antipaludéens : une toxicité auditive bien documentée

Bien que leur usage soit plus limité en France, certains traitements contre le paludisme peuvent aussi affecter l’audition. 

Les plus connus sont : 

  • la quinine, autrefois largement utilisée pour traiter le paludisme et encore prescrite contre les crampes nocturnes ; 
  • L’hydroxychloroquine, utilisée dans certaines pathologies auto-immunes (comme le lupus ou la polyarthrite rhumatoïde). 

Ces médicaments ototoxiques peuvent provoquer des acouphènes, une perte auditive et parfois des troubles de l’équilibre, surtout en cas de prise prolongée ou de surdosage. 

Quels sont les symptômes à surveiller pendant le traitement ? 

Si vous prenez des médicaments potentiellement ototoxiques, soyez attentif aux signes suivants : 

  • des acouphènes : l’apparition de bourdonnements, de sifflements ou de cliquetis dans une ou deux oreilles est un des premiers signes de toxicité auditive. Ces sons fantômes, souvent perçus en l'absence de bruit extérieur, peuvent être intermittents ou continus et devenir gênants au quotidien ; 
  • une hypoacousie (diminution de l’audition) : une difficulté à percevoir certains sons, notamment les aigus comme les sonneries de téléphone, peut être le signe d’une altération progressive de l’ouïe. Vous pouvez aussi ressentir le besoin d’augmenter le volume de la télévision ou de demander aux autres de répéter plus souvent ce qu’ils viennent de dire ; 
  • une sensation d’oreilles bouchées : vous pouvez avoir l’impression d’entendre comme à travers un mur, sans raison apparente. Cette gêne auditive peut s’accompagner d’une légère pression dans les oreilles, donnant la sensation que le conduit auditif est obstrué. 

Les médicaments ototoxiques peuvent aussi affecter le système vestibulaire, qui joue un rôle clé dans le maintien de l’équilibre. Ces effets secondaires sont parfois sous-estimés, alors qu’ils peuvent sérieusement impacter la qualité de vie. 

  • Des vertiges : une sensation de rotation soudaine ou persistante, pouvant s’aggraver lors des mouvements de la tête. Vous pouvez ressentir une instabilité en marchant, comme si le sol était mouvant. 
  • Des troubles de la coordination : une difficulté à marcher droit, une impression de déséquilibre ou des mouvements maladroits peuvent être des signes d’atteinte vestibulaire. 

Comment limiter les risques ? 

Il est tout à fait possible d’adopter de bonnes habitudes pour préserver votre audition, même lorsque vous prenez des médicaments ototoxiques. Quelques précautions simples peuvent vous aider à limiter les risques et à préserver votre confort auditif au quotidien.

1. Parlez-en avec votre médecin avant de commencer un traitement

Si votre médecin vous prescrit des médicaments ototoxiques, prenez le temps d’en discuter avec lui. Posez-lui des questions pour bien comprendre les enjeux.  

  • Existe-t-il un autre traitement moins risqué pour l’oreille ? 
  • Faut-il prévoir un suivi auditif ? 
  • Peut-on ajuster la durée du traitement pour limiter les effets secondaires ? 

Si vous prenez déjà des médicaments ototoxiques et que vous remarquez des changements dans votre audition (bourdonnements, vertiges, difficulté à entendre), ne prenez pas l’initiative d’arrêter le traitement seul. Consultez votre médecin pour faire un point et trouver la meilleure solution adaptée à votre état de santé.

2. Faites contrôler votre audition régulièrement

Comme on surveille la vue ou la tension, il est important de suivre l’état de son audition, surtout si vous prenez un traitement pouvant l’affecter. Pour cela : 

  • planifiez une visite chez l’ORL une fois par an ou dès que vous ressentez une gêne auditive ; 
  • faites un test auditif si vous suivez un traitement prolongé comme une chimiothérapie ou des médicaments pour l’hypertension, afin de détecter toute altération précoce.

3. Évitez l’automédication et demandez toujours conseil à votre pharmacien

Certains médicaments courants, disponibles sans ordonnance, peuvent être ototoxiques. Avant d’en prendre, demandez conseil à votre pharmacien. Il pourra vérifier qu’il est bien adapté à votre situation et qu’il ne présente pas de risque pour votre audition, surtout si vous prenez déjà un traitement de longue durée.

4. Protégez votre audition au quotidien

Indépendamment des médicaments ototoxiques, l’audition peut être mise à l’épreuve par des bruits trop forts ou des habitudes qui l’affaiblissent progressivement. Pour la préserver : 

  • évitez les environnements bruyants autant que possible, notamment les restaurants bondés, les chantiers ou les événements très sonores ; 
  • portez des protections auditives si nécessaire : si vous utilisez des outils bruyants (tondeuse, perceuse…) ou si vous assistez à un concert ou un feu d’artifice, des bouchons d’oreilles peuvent vous aider à limiter l’impact du bruit sur votre audition ; 
  • adaptez le volume de vos appareils audio : préférez un volume modéré pour la télévision, la radio ou les appels téléphoniques, afin de ne pas fatiguer vos oreilles. 

Existe-t-il des alternatives aux médicaments ototoxiques ? 

Si vous devez suivre un traitement impliquant des médicaments ototoxiques, sachez qu’il existe parfois des solutions alternatives mieux tolérées par l’oreille interne. Votre médecin pourra évaluer votre état de santé et adapter votre prise en charge en fonction des risques encourus.

1. Opter pour des antibiotiques moins agressifs

Dans certains cas, votre médecin peut privilégier : 

  • les pénicillines et les céphalosporines, qui sont souvent bien tolérées et n’ont pas d’effet ototoxique ; 
  • les macrolides (comme l’azithromycine ou la clarithromycine), qui peuvent être une alternative en cas d’allergie aux pénicillines.

2. Privilégier des anti-inflammatoires moins risqués

Le paracétamol, qui est souvent recommandé en première intention pour soulager la douleur et la fièvre est sans effet sur l’audition. Vous pouvez aussi opter pour des les anti-inflammatoires naturels, comme le curcuma ou le gingembre, qui peuvent être intégrés à l’alimentation sous avis médical pour réduire l’inflammation de manière plus douce.

3. Trouver des diurétiques moins toxiques

Si vous devez prendre des diurétiques pour traiter une hypertension ou une insuffisance cardiaque, votre médecin pourra : 

  • réduire la dose et ajuster le traitement pour minimiser les effets secondaires ; 
  • privilégier d’autres types de diurétiques, comme les thiazidiques, qui ont un effet plus modéré sur l’élimination des liquides et sont moins susceptibles d’altérer l’audition.

Certains médicaments, bien que nécessaires pour traiter des maladies graves, peuvent être ototoxiques et affecter l’audition. En restant attentif aux symptômes et en adoptant de bonnes pratiques, vous pouvez limiter les risques. En cas de doute, un avis médical rapide est essentiel pour éviter des dommages irréversibles à votre audition.

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