
Les acouphènes chez les seniors : comprendre pour mieux vivre avec
Les acouphènes touchent de nombreux seniors et peuvent devenir une véritable gêne au quotidien. Sont-ils une conséquence inéluctable du vieillissement ? Et surtout, existe-t-il des solutions pour les atténuer et améliorer la qualité de vie des personnes concernées ?
Qu’est-ce que les acouphènes ?
Les acouphènes désignent la perception de bruits parasites sans qu’aucune source sonore externe ne soit présente. Ces sons, qui peuvent être des sifflements, des bourdonnements, des grésillements ou encore des cliquetis, sont perçus directement par la personne, dans une oreille ou les deux. Ils peuvent être constants ou intermittents, légers ou envahissants. Certaines personnes décrivent un bruit léger en arrière-plan, tandis que d’autres souffrent de sons envahissants, perturbant leur concentration, leur sommeil et leur bien-être général.
Bien que les acouphènes ne constituent pas une maladie en soi, ils sont souvent le signe d’une altération du système auditif, d’un trouble circulatoire ou encore d’une réaction du cerveau à une perte auditive.
Les acouphènes chez les seniors en chiffres
La prévalence des acouphènes ne cesse d’augmenter avec l’augmentation de l’espérance de vie. Voici quelques chiffres clés pour mieux comprendre l’ampleur du phénomène :
- environ 24% des personnes de plus de 65 ans souffrent d’acouphènes à des degrés divers ;
- selon l’étude PESA, 20,8 % des personnes souffrant d’acouphènes endurent une forme sévère du trouble, tandis que 12,6 % sont confrontées à un niveau catastrophique, impactant fortement leur qualité de vie ;
- dans environ 40 % des cas, l’origine des acouphènes chez un patient reste inexpliquée.
Ces chiffres montrent à quel point les acouphènes sont fréquents chez les seniors et soulignent la nécessité d’un suivi médical adapté pour améliorer la qualité de vie des personnes concernées.
Quels sont les types d’acouphènes ?
Les acouphènes ne sont pas tous identiques et peuvent être classés en plusieurs catégories.
1. Les acouphènes subjectifs
Les acouphènes subjectifs sont les plus courants et sont perçus uniquement par la personne affectée. Ils résultent généralement d’une altération des cellules ciliées de l’oreille interne, responsables de la transmission des sons au cerveau.
Dans ce cas, les sons perçus varient selon les individus : certains entendent un sifflement aigu, d’autres un bourdonnement sourd. Comme ils ne proviennent pas d’un bruit réel, leur intensité peut sembler plus forte dans les environnements silencieux, rendant particulièrement difficile l’endormissement.
2. Les acouphènes objectifs
Beaucoup plus rares, les acouphènes objectifs sont des bruits internes réels, souvent synchronisés avec le pouls, perçus par le patient et parfois audibles par un médecin à l’aide d’un stéthoscope. Ils correspondent au bruit d'un organe situé à l'intérieur du corps tel que le bruit du sang circulant dans un vaisseau du cou ou de la tête. Ils sont souvent liés à un dysfonctionnement physique identifiable, comme des contractions musculaires involontaires dans l’oreille moyenne ou une anomalie des vaisseaux sanguins à proximité de l’oreille.
Contrairement aux acouphènes subjectifs, ces bruits ont une cause mécanique bien définie et peuvent, dans certains cas, être traités en corrigeant le problème sous-jacent (par exemple, en soignant une tension musculaire).
3. Les acouphènes pulsatiles
Les acouphènes pulsatiles sont une forme particulière d’acouphènes objectifs. Ils sont perçus sous forme de battements réguliers, en phase avec le pouls. Cette manifestation peut indiquer un problème de circulation sanguine, tel que :
- une hypertension artérielle, qui augmente la pression dans les vaisseaux proches de l’oreille ;
- une athérosclérose, un rétrécissement des vaisseaux sanguins dû à des dépôts de cholestérol, réduisant le flux sanguin et créant des turbulences auditives ;
- une malformation vasculaire, comme un anévrisme ou une fistule artério-veineuse, nécessitant une prise en charge médicale spécifique.
Les acouphènes pulsatiles doivent toujours être examinés par un professionnel de santé, car ils peuvent révéler une condition médicale plus sérieuse nécessitant un traitement approprié.
Les causes des acouphènes chez les seniors
Avec l’âge, plusieurs facteurs peuvent favoriser l’apparition des acouphènes. Certains sont liés au vieillissement naturel du système auditif, tandis que d’autres sont influencés par des habitudes de vie ou des problèmes de santé sous-jacents. Voici les principales causes des acouphènes chez les seniors.
1. La presbyacousie
La presbyacousie est l’une des principales causes d’acouphènes chez les seniors (environ 80% des cas). Ce trouble correspond à une perte progressive de l’audition due au vieillissement de l’oreille interne. Elle affecte principalement les sons aigus et peut s’accompagner de bruits parasites.
Cette dégradation est causée par l’usure des cellules ciliées situées dans la cochlée. Ces cellules, essentielles à la transmission des sons au cerveau, ne se régénèrent pas. Lorsque leur fonctionnement est altéré, le cerveau peut compenser en générant des sons fantômes, à l’origine des acouphènes.
2. L’exposition prolongée au bruit
Tout au long de la vie, une exposition excessive aux bruits forts peut endommager l’oreille interne et entraîner des acouphènes à un âge avancé. Chez les seniors ayant travaillé dans des environnements bruyants (chantier, usine, transport, concerts) ou ayant été régulièrement exposées à des musiques amplifiées, les acouphènes peuvent s’installer de manière chronique et devenir gênants au quotidien.
3. Les troubles vasculaires
Les maladies cardiovasculaires sont plus fréquentes avec l’âge et peuvent être directement impliquées dans l’apparition des acouphènes, en particulier les acouphènes pulsatiles. Ces derniers se manifestent sous forme de battements synchronisés avec le rythme cardiaque.
4. Les effets secondaires de certains médicaments
De nombreux traitements prescrits aux seniors peuvent être ototoxiques, c’est-à-dire qu’ils ont un effet toxique sur l’oreille interne et peuvent entraîner des acouphènes. Parmi les médicaments les plus fréquemment impliqués, on retrouve :
- les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) : pris en grande quantité, l’ibuprofène et l’aspirine à forte dose peuvent altérer l’audition ;
- les antibiotiques de la famille des aminosides : utilisés pour traiter certaines infections sévères, ils peuvent causer des lésions auditives irréversibles ;
- les diurétiques, souvent prescrits pour les maladies cardiovasculaires ou l’hypertension, peuvent affecter l’oreille interne en modifiant l’équilibre hydrique ;
- certains antidépresseurs et anxiolytiques, qui agissent sur le système nerveux et peuvent perturber la perception des sons.
Si vous suspectez un lien entre votre traitement et l’apparition des acouphènes, il est recommandé d’en parler avec votre médecin pour envisager une alternative.
5. Les troubles neurologiques
Certaines maladies touchant le système nerveux peuvent entraîner des acouphènes persistants. L’une des plus connues est la maladie de Ménière, qui affecte l’équilibre et l’audition. Cette affection chronique provoque des vertiges, une sensation d’oreille bouchée et des acouphènes fluctuants, souvent accompagnés d’une perte auditive progressive.
D’autres affections, comme une lésion du nerf auditif ou un neurinome de l’acoustique (tumeur bénigne du nerf auditif), peuvent également être responsables de bruits parasites dans l’oreille. Un bilan médical approfondi est nécessaire pour identifier ces causes et adapter la prise en charge.
6. Les bouchons de cérumen
Un simple bouchon de cérumen peut également provoquer les acouphènes. En obstruant le conduit auditif, il empêche les sons de parvenir normalement à l’oreille interne, créant ainsi une sensation de pression et des bruits parasites.
Heureusement, cette cause est facile à traiter : un nettoyage des oreilles par un professionnel de santé permet d’éliminer le bouchon et de rétablir une audition normale. L’utilisation excessive de cotons-tiges est déconseillée, car elle peut aggraver le problème en poussant le cérumen plus profondément dans le conduit auditif.
Les conséquences des acouphènes sur la vie des seniors
Les acouphènes peuvent grandement impacter la vie quotidienne, notamment en raison de leur caractère permanent ou intrusif.
1. Une altération du sommeil
Les acouphènes, surtout lorsqu’ils sont perçus dans un environnement silencieux, peuvent empêcher l’endormissement et entraîner des insomnies chroniques. Le manque de sommeil peut ensuite entraîner des répercussions sur la santé globale, en augmentant la fatigue et l’irritabilité.
2. Une augmentation du stress et de l’anxiété
Le bruit constant peut provoquer une tension nerveuse, entraînant du stress, voire des épisodes d’anxiété ou de dépression. Les personnes souffrant d’acouphènes peuvent développer une hypersensibilité aux sons (hyperacousie), rendant les bruits du quotidien encore plus gênants.
3. Une diminution de la concentration
Les acouphènes peuvent perturber la capacité à se concentrer sur des tâches précises, notamment la lecture, les conversations ou les activités nécessitant une attention soutenue.
4. Un isolement social
Par peur de ne pas bien entendre ou d’être gênés par les bruits environnants, certains seniors peuvent éviter les sorties et les interactions sociales, ce qui favorise l’isolement et la solitude.
Des solutions pour mieux vivre avec les acouphènes
S’il n’existe pas de traitement universel pour guérir totalement les acouphènes, plusieurs approches permettent de les atténuer et de mieux les gérer au quotidien.
1. Consulter un professionnel de santé
Un ORL (oto-rhino-laryngologiste) pourra effectuer un bilan auditif complet afin d’identifier la cause de ces bruits et proposer des solutions adaptées. Un audioprothésiste peut également jouer un rôle dans la prise en charge des acouphènes en proposant des aides auditives.
2. Porter un appareil auditif
Si les acouphènes sont associés à une perte auditive, le port d’un appareil auditif permet d’amplifier les sons extérieurs, réduisant ainsi la perception des bruits parasites. Certains appareils sont même équipés de générateurs de bruit blanc intégrés.
3. Essayer les thérapies sonores
Les thérapies sonores consistent à masquer les acouphènes à l’aide de sons apaisants (bruits de nature, musique douce, bruits blancs) diffusés via un générateur sonore ou une application mobile. Ces méthodes sont particulièrement efficaces pour améliorer le sommeil.
4. Adopter des techniques de relaxation
Le stress peut intensifier la perception des acouphènes, rendant ces bruits parasites plus envahissants au quotidien. Pour atténuer leur impact et mieux gérer l'anxiété associée, il est bénéfique de pratiquer des techniques de relaxation telles que le yoga, la méditation, la sophrologie ou la cohérence cardiaque. Ces méthodes favorisent la détente et peuvent contribuer à diminuer l'intensité des acouphènes.
5. Ajuster le mode de vie
Certains changements d’habitudes peuvent contribuer à soulager les acouphènes, notamment :
- éviter la caféine, l’alcool et le tabac, qui peuvent aggraver les symptômes ;
- pratiquer une activité physique régulière pour améliorer la circulation sanguine ;
- privilégier des aliments riches en oméga-3 (car ils ont des vertus anti-inflammatoires) et en antioxydants.
6. Suivre une thérapie cognitivo-comportementale (TCC)
Les TCC aident à modifier la perception des acouphènes et à réduire leur impact émotionnel. Elles permettent de développer des stratégies pour ne plus focaliser son attention sur ces bruits intrusifs.
Les acouphènes touchent de nombreux seniors et peuvent avoir un impact significatif sur la qualité de leur vie. Cependant, des solutions existent pour mieux les gérer et atténuer leur intensité. Si vous souffrez d’acouphènes persistants, n’hésitez pas à en parler à un spécialiste afin d’explorer les options les plus adaptées à votre situation.