Victimes de grossophobie : il est temps de dire stop !
On entend souvent parler de racisme ou de sexisme dans notre société. Mais qu’en est-il des autres formes de discrimination ? Stigmatiser l'autre à cause de son surpoids, en est une. Parce que les victimes de grossophobie souffrent aussi en silence, sans que l’on s’en rende compte…
C’est quoi être victime de grossophobie ?
Il s'agit essentiellement de comportements discriminatoires ou stigmatisants envers les personnes en surpoids. La grossophobie englobe l’ensemble des préjugés à l’égard d'une personne en se basant sur son poids quand celui-ci ne correspond pas aux normes sociales dominantes.
Les répercussions peuvent être extrêmement pesantes pour les personnes victimes de grossophobie. Selon de nombreuses études, la stigmatisation des personnes en surpoids conduit dans la plupart des cas à la dépression, à l’anxiété et réduit les chances d’obtenir un emploi, d’être en couple ou d’élargir son réseau d’amis et de connaissances.
Ces personnes en surpoids sont considérées comme trop faibles et incapables de résister à toute tentation alimentaire. On estime également qu'elles ne s’impliquent pas assez dans la pratique d’activités physiques et qu'elles ne prennent pas assez soin d’elles.
Obésité en France et dans le monde : quelques chiffres
En France et d’après les derniers chiffres disponibles (2020), 47% des Français se trouvent en surpoids, quand 17% des adultes sont touchés par l'obésité. Autant dire que la moitié de la population est susceptible d’être victime de grossophobie. Inquiétant !
Le nombre d'opérations de chirurgie bariatrique, pratique qui favorise la perte de poids, est passé de 2800 en 1997 à 59.300 en 2016, selon le rapport de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) datant de février 2018.
Sur le plan mondial, le nombre de personnes obèses a presque triplé depuis 1975, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). À l’heure actuelle, 38% de la population mondiale serait en surpoids ou obèse, soit 2,6 milliards de personnes d’après le rapport de la Fédération mondiale de l'obésité. Les enfants et les adolescents sont le plus généralement victimes de grossophobie et autres humiliations liées à leurs poids.
Surpoids et obésité : quelques nuances
Le surpoids et l’obésité sont définis en fonction de l’indice de masse corporelle (IMC), calculé selon la formule suivante : le poids (en kg) divisé par le carré de la taille (m).
- Un IMC compris entre 18.5 et 24.9 indique une corpulence normale.
- Un IMC compris entre 25 et 29.9 indique une personne en surpoids.
- Un IMC égal ou supérieur à 30 indique une personne obèse.
L’obésité peut être modérée (30 - 34.9), sévère (35 - 39.9) ou morbide (supérieure à 40). Qu’il s’agisse de personnes en surpoids ou obèses, le résultat demeure invariable : elles sont souvent victimes de grossophobie.
Comment se comporter avec une personne obèse ?
L’obésité est un problème de santé où la variable psychologique joue un rôle important. Concevoir l’obésité comme un trouble qui dépasse la dimension physique t’aidera à mieux comprendre la vie des personnes victimes de grossophobie et d’adopter les bons comportements vis-à-vis d’elles.
Chez une personne obèse, le blâme, le mépris, l'exclusion et la stigmatisation sociale font chuter l’estime de soi. La personne en surpoids étant sensible à ces comportements négatifs et démotivants qui risquent d’aggraver encore plus sa situation.
Évite donc de critiquer le physique de cette personne ou ses choix alimentaires. Par exemple, ne dis jamais « Tu vas tout manger ? », « Tu as vraiment envie d’une deuxième part ? » ou encore « Si tu veux perdre du poids, il faut éviter de te gaver !». Ton intention est certes bonne, mais tes propos peuvent être interprétés différemment, d’autant plus si ton interlocuteur est victime de grossophobie à longueur de journée.
À moins qu'on ne te demande ton avis, évite de jouer l’expert santé.
En revanche, tu peux complimenter et motiver les personnes en surpoids et les aider à modifier leurs habitudes alimentaires et à mieux gérer leurs pulsions. Si l’une d’entre elles suit un régime particulier, pense à l’encourager et à souligner chaque perte de poids, aussi insignifiante soit-elle.
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Adresses utiles : centres d'assistance et associations
De nombreux organismes communautaires proposent un accompagnement dédié aux personnes en surpoids et victimes de grossophobie. Par exemple, Carenity, le premier réseau social en France destiné aux personnes concernées par une maladie chronique et qui permet de faire le lien entre les patients et leurs proches.
Sans oublier, "le groupe de réflexion sur l’obésité et le surpoids (G.R.O.S.)", une association qui regroupe plusieurs professionnels de la santé ayant pour but, la prise en charge des personnes en difficulté avec leur poids et leur comportement alimentaire.
Interview avec Elawan, victime de grossophobie #Plusde70KgEtSereine
As-tu déjà été victime de grossophobie ? Décris-nous ce que tu as ressenti et comment tu as réagi !
Oui, tellement de fois ! Et malheureusement, je n'ai pas beaucoup réagi : baisser le regard, essayer de se faire "toute petite" lorsque tout le monde me regarde, ne rien dire du tout. Parce que j'avais peur des réactions du genre "mais on dit ça pour ton bien !" ou encore "mais c'est une blague, je rigole !" Alors qu'en fait, je suis extrêmement blessée par ce genre de remarques.
Pourrais-tu nous parler de quelques situations de stigmatisation que tu vis au quotidien ?
Jusqu'à il y a quelques années (aujourd'hui, j'ai beaucoup moins de remarques grossophobes), c'était pour beaucoup des remarques sur ce que je mangeais ou sur le contenu de mon frigo. Je me rappelle également les visages choqués quand je disais que je faisais du 46/48 ou que je donnais mon poids. Et bien sûr les mille et un conseils sur comment perdre du poids (alors que je n'ai rien demandé).
Les effets psychologiques de la grossophobie peuvent être très dangereux, comment gères-tu tout cela ?
Ça a été une horreur pour mon estime. J'en suis arrivée à vouloir me faire du mal tellement je me haïssais. Et ça n'a pas arrangé mes problèmes de troubles du comportement alimentaire (hyperphagie) que je trainais depuis mon année éprouvante en classe préparatoire. J'ai dû trouver des parades pour ne plus y penser
Réagis-tu aux propos discriminants ou as-tu pris l’habitude de les ignorer ?
D'habitude j'ignore le plus possible, mais quelques fois je relève, j'explique en quoi c'est discriminant mais sans perdre mon énergie dans tout ça. Sinon, une petite punchline ou un petit tweet piquant et c'est tout !
Après pour les propos discriminants, c'est surtout sur internet ou en famille. Je n'ai jamais entendu ce type de propos sur mon lieu de travail par exemple.
As-tu des recommandations ou des conseils aux personnes en surpoids qui vivent très mal ce phénomène ?
Je sais que c'est difficile, que ça fait énormément de mal. Ce que je peux conseiller, c'est de trouver des serveurs Discord, des forums ou des groupes Facebook pour en discuter. Ou encore mieux, si vous avez des amis ou amies grosses, se créer un petit groupe WhatsApp par exemple. C'est ce que je fais, et ça fait un bien fou !
As-tu déjà fait appel à des associations dédiées ? Si oui, que penses-tu de leurs actions ?
Non, à l'époque je ne connaissais aucune association dans ma ville.
Un message à faire passer ?
Je vais recycler un propos que j'ai dit il y a un an : je suis grosse, j'existe, je vis et je vous emmerde (les grossophobes) ! Ou encore #Plusde70KgEtSereine (le hashtag que j'ai créé l'année dernière).